Le quatrième groupe de la « bande des quatre » (Disney, Warner, Comcast, Paramount) est le plus petit, le plus mal en point financièrement et celui dont l’histoire est la plus compliquée. Paramount Global a fait l’objet depuis plusieurs mois de rumeurs de rachat ou de démantèlement. Des propositions de rachat de la totalité de Paramount Global de la part du petit groupe Allen Media Group pour environ 30 milliards de dollars, dettes comprises, puis d’une proposition à 11 milliards de dollars pour le seul studio par le fonds Apollo, portée en suite à 26 milliards pour l’ensemble du groupe. Le 3 avril, le groupe est entré en négociations exclusives avec le producteur Skydance. En 2024 la note de sa dette a été dégradée à deux reprises par une agence de notation et se situe désormais dans la catégorie junk bonds..
Télé linéaire
Audience, recettes publicitaires, redevance, concurrence, économie des chaînes
Comcast, l’empire
Cet article fait partie d’un ensemble de six textes sur ce site qui forment un tout: Le vieil Hollywood: anatomie d’une chute, la cartographie, puis quatre analyses consacrées respectivement à Disney, à ParamountGobal, ici à Comcast et plus tard à WarnerDiscovery
Comcast est la moins connue des grandes sociétés américaines audiovisuelles, en France en tout cas. Et pourtant c’est sans doute la plus surprenante, et par ailleurs de loin la plus rentable. Elle présente au moins quatre originalités remarquables.
Disney, la forteresse fissurée
La plus connue de toutes les marques de l’audiovisuel mondial, en fait la seule véritablement identifiée dans le monde entier par la très grande majorité de la population, est aussi le plus grand groupe industriel du secteur. Les autres groupes sont de simples entreprises, Disney est un monument.
Le vieil Hollywood, anatomie d’une chute
Qu’arrive-t-il à l’audiovisuel américain ? Les grands d’Hollywood, entreprises passées maitresses depuis des décennies dans l’art de la communication financière, bardées de départements de relations publiques aguerris, expliquent qu’elles traversent une période de mutation et qu’elles s’y adaptent. Mais jetons un coup d’œil aux marchés boursiers. Ils ne sont pas infaillibles certes, et leurs fluctuations à court terme sont parfois difficiles à comprendre, mais leur évolution sur plusieurs années fournit un thermomètre sans doute plus fiable.
Voici l’évolution des cours de bourse depuis 2021 et 2019 des principales sociétés du secteur, classés par capitalisation décroissante :
Etats-Unis, Europe, France: les sombres perspectives des télés commerciales
L’été 2023 a vu s’accumuler les mauvaises nouvelles pour l’économie de la télévision commerciale. En France, à la fin du mois de juillet, TF1 et M6 ont publié leurs résultats pour le premier semestre avec des baisses de revenus publicitaires sur les chaines linéaires respectivement de -9,6 et -7,2%, alors que dans le même temps … Lire la suite
2022, une année normale ? Partie 2 Merci l’Etat
Cet article prolonge celui paru au début du mois de février qui portait sur les dépenses audiovisuelles des consommateurs. On connait à présent les chiffres du marché publicitaire en 2021 et plusieurs synthèses des actions de l’Etat dans le domaine en réaction à la pandémie, ce qui permet de compléter le tableau de l’économie du secteur.
Eloge du linéaire
Les bonnes vieilles télévisions linéaires sont les oubliées des changements réglementaires en cours. La « grande » loi sur l’audiovisuel n’a pas survécu à la crise sanitaire et le texte en cours d’élaboration sur la chronologie des médias ne va pas les aider, loin de là. Une ambiance intellectuelle, et politique, s’est peu à peu installée dans laquelle les télés sont un peu des reliques du passé, condamnées au déclin, en bref pas intéressantes. L’époque est au streaming, aux interventions sur Twitch ou sur Brut, aux réseaux sociaux. Mais c’est aller bien vite en besogne.
Chronologie des médias : attention danger !
A côté de la loi sur l’audiovisuel qui sera débattue en principe au printemps, à côté des décrets portant sur la publicité et la production indépendante, le gouvernement est engagé sur un troisième front, en apparence plus technique, mais au moins aussi important, celui de la chronologie des médias. En résumé : comment obliger Netflix à financer en France des films qu’il pourrait exploiter raisonnablement (c’est-à-dire vite après leur sortie) sans faire exploser un système dans lequel Canal+ reconsidère le bilan de ses avantages et de ses contraintes. Equation impossible?
L’audiovisuel public européen, quel dommage !
Le 9 décembre 2019 risque de rester comme une date noire de l’histoire du secteur audiovisuel européen. Boris Johnson, à la fin de sa campagne électorale victorieuse, a en effet déclaré que la question du maintien du financement public de la BBC se posait désormais, reprenant en version plus hard une idée que sa secrétaire d’Etat à la culture, Nicky Morgan, avait déjà avancée en octobre : les autres entreprises de média se financent toutes seules, pourquoi ne pas imaginer un système d’abonnement à la Netflix pour la BBC? « The system of funding out of what is effectively a general tax bears reflection… how long can you justify a system whereby everybody who has a TV has to pay to fund a particular set of TV and radio channels, that is the question ”. Certes, compte tenu de l’image générale de Boris Johnson en Europe, un optimiste pourrait penser que cette idée est donc désormais grillée de ce côté-ci de la Manche, car l’appliquer serait faire du Boris Johnson. Hélas, autant les qualités de la BBC ont du mal à être imitées sur le continent, autant ce qui lui arrive de triste se duplique au contraire très facilement. Et l’idée de supprimer le financement public de la BBC fait écho à des évolutions qui incitent plutôt au pessimisme.
Les box doivent-elles payer pour les chaînes ?
A la rentrée 2019, le conflit entre les chaines du groupe Altice et Free, puis Orange, s’est soldé par une victoire des deux derniers. L’affaire a souvent été présentée comme un combat (de coq ?) entre personnalités, Alain Weil contre Xavier Niel, puis Stéphane Richard. Mais c’est un peu dommage car il s’agit au contraire d’un conflit structurel, d’avant-garde, tapi au cœur du nouveau système audiovisuel, et qui est loin d’être réglé. Il s’agit surtout d’un problème très compliqué, sans doute le plus compliqué de tout le secteur. Si l’économie de l’audiovisuel était un sport de combat asiatique, notre affaire relèverait de la ceinture noire 9ème dan.