Il est souvent dangereux de faire confiance aux évolutions de la bourse pour en tirer des conclusions sur la bonne ou mauvaise santé des entreprises cotées. Des cas d’emballements excessifs dans un sens ou dans un autre sont dans la mémoire de tous. Cependant, faute de mieux dans cette période où les marchés, les vrais, sont en partie suspendus, la bourse présente l’avantage de rester active et donc de fournir quelques indices. Et celle de la franchise. C’est pourquoi l’expression de “boussole grossière” doit être prise dans les deux sens de l’adjectif. Les remarques qui suivent proviennent de la comparaison de la moyenne des cours de bourse de 24 sociétés américaines et européennes entre la dernière semaine de 2019 et la semaine suivant Pâques en 2020. Soit trois mois et demi, marqués à mi-parcours par les conséquences de l’épidémie du coronavirus.
Economie de l’audiovisuel
La stratégie des géants américains et celle des nains européens
Pour les investisseurs c’est entendu, les grands services de svod sont les nouveaux rois de l’audiovisuel, dont ils vont dominer l’économie. Et elle en a bien besoin cette économie puisque la situation des chaînes de télévisions est de plus en plus inquiétante[1] et que dans le cinéma presque tout le monde perd de l’argent, pour ne pas parler de la vidéo, moribonde. Le problème c’est que la svod ne va rien arranger, du moins à court terme. Jusqu’en 2018 en effet la quasi-totalité des services de svod étaient en déficit, en tout cas pour ceux qui publient leurs comptes. Ceux qui ne le font pas sont intégrés à des services plus grands et quand on interroge, sous le sceau du secret, un responsable financier d’Orange, de Canal+ ou de SFR par exemple, on comprend qu’il ne vaut mieux pas publier ces résultats. Il existe quelques exceptions, à commencer par Netflix, mais le tableau suivant montre qu’après 20 ans d’existence et une position de leader mondial la firme se contente d’un résultat net de 558 millions de dollars. Cela peut paraître beaucoup, mais si on rapporte cette somme au nombre d’abonnés (117 millions) cela donne une marge annuelle de 4,8 dollars par abonnés. Or, si le recrutement de chacun de ces abonnés a coûté 50 dollars (en fait c’est plus aujourd’hui), cela veut dire qu’il faut prier pour qu’ils restent au moins dix ans pour être rentable. En France, FilmoTV, filiale du groupe Wildbunch, est profitable depuis plusieurs années mais c’est une exception remarquable due à une gestion extrêmement serrée de ses coûts.