L’audiovisuel n’innove plus… avant la fusion

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Notre secteur a toujours donné de lui-même une image d’innovation continue, révolution des usages, révolution numérique, nouvelles technologies, stratégies disruptives, etc, etc. Peu de projets de loi le concernant, peu de rapports annuels se dispensent de cette litanie épique dans leur introduction. Ce mythe de l’innovation permanente est en effet bien pratique. Il permet d’excuser bien des échecs, comme de justifier certaines décisions brutales. Mais sur quelles bases repose-t-il ? Et que cache-t-il ?

1 : Deux grandes vagues d’innovations de produit, concentrées dans le temps.

Dans l’histoire des techniques, on distingue deux types d’innovations : celles qu’on voit, les innovations de produit, qui seront examinées d’abord, et celles qu’on ne voit pas, les innovations de procédé, qui relèvent de la manière de fabriquer les produits.

Ces innovations peuvent être technologiques (l’écran LCD) ou commerciales (la télévision payante). Elles sont parfois les deux en même-temps (la svod en streaming). Pour en saisir la dynamique on doit distinguer trois dates qui en articulent le destin. La première est celle du brevet ou de la présentation d’un premier prototype fonctionnel. La seconde est celle du début d’une exploitation commerciale à large échelle. Elle est rarement très proche de la première (exceptions : la box triple play, la tablette) et parfois s’en écarte de plusieurs décennies comme dans le cas de la fibre optique mise au point au début des années soixante-dix mais qui ne s’est vraiment déployée chez les particuliers que dans la deuxième moitié des années 2010. Enfin certaines technologies meurent de leur belle mort (le magnétoscope vers 2001) ou entrent dans une agonie plus ou moins longue (la TV en 3D à partir de 2013). Les innovations sont cependant plus communément associées à une quatrième date, plus connue mais qui obscurcit plus qu’elle n’éclaire : celle à partir de laquelle les grands médias parlent du nouveau produit ou du nouveau service. Ainsi beaucoup en France, de bonne foi, voient naitre la svod en 2014 avec l’arrivée de Netflix, alors qu’il existait des services de svod en France depuis 2008 (FilmoTV) et que Netflix avait lancé son service de streaming la même année. De même le podcast semble être une nouveauté de 2020, alors qu’Arte Radio a été lancée en 2002 et que le terme lui-même provient d’un article du Guardian de 2004 (année où l’objet à la mode était l’Ipod). Le début de la notoriété d’un produit ou d’un service est le plus souvent en retard sur sa disponibilité réelle, mais parfois au contraire en avance comme pour la 5G ou pour les casques de réalité virtuelle.

Le tableau suivant montre, pour la France, la succession de ces dates pour 30 innovations de produit audiovisuel :

En jaune la date de la première mise au point ou du dépôt du brevet. En gris les technologies « mortes » avant 2020. En orange les technologies en déclin.

La première remarque porte sur l’évidence de deux périodes de cinq ans où se sont concentré plusieurs innovations importantes, structurantes et de longue portée. La première, de 1982 à 1987 voit apparaître le magnétoscope, la télévision payante, les chaînes privées et les réseaux câblés analogiques. Et même les débuts de la fibre optique. On assiste à une seconde « révolution » vingt ans après la première, de 2002 à 2007, quand apparaissent presque simultanément les box triple play et la télévision par IP, YouTube, Facebook et la svod par streaming, ainsi que la TNT et les smartphones. Les 30 autres années de la période de quarante ans observée ici paraissent beaucoup plus pauvres, presque stériles en comparaison.

Mais c’est surtout une seconde remarque, politique, qui s’impose. Lors de ce qu’on pourrait appeler la première révolution audiovisuelle, de 1982 à 1987, l’apparition de nouveaux produits et services fut accompagnée immédiatement d’une profonde modification du cadre législatif et réglementaire du secteur. Loi Lang de 1985, Loi Léotard de 1986, on pourrait ajouter la création du CSA et la directive Télévisions sans Frontières en 1989. Les partis politiques et l’Etat prirent conscience assez vite de ce qui était en train de se passer, en eurent une vision prospective, et mirent en place un cadre durable. En revanche la seconde révolution audiovisuelle, celle de 2002 à 2007, passa inaperçue politiquement. Et pourtant tout était là, sous les yeux de tous: la télévision sur IP, les box, le smartphone, la Svod, Facebook, YouTube commençaient déjà à révolutionner le secteur. C’est à ce moment-là, ou au moins quelques années plus tard, vers 2010 par exemple, qu’il aurait été utile et fertile de se poser les questions suivantes et de les résoudre : comment réarmer les télévisions classiques face à la concurrence de Google et Facebook sur le marché publicitaire ? Comment développer une offre européenne ou au moins française de svod ? Comment pérenniser ou réformer le modèle de financement du cinéma français ? Comment adapter le droit de la concurrence dans ce nouveau contexte ? Au lieu de quoi il fallut attendre dix ans, le début des années vingt, c’est-à-dire trop tard, pour commencer à agir. Cette cécité ne fut pas seulement française, la directive européenne SMA par exemple n’étant votée qu’en 2018, mais la France s’affirmant généralement comme en pointe des combats européens dans l’audiovisuel, elle porte une responsabilité particulière dans cette cécité coupable.

2 : Depuis dix ans pas grand-chose, et sans doute pas grand-chose non plus à venir

Au cours des dix dernières années qui viennent de s’écouler, et dix années c’est long, on ne dénombre que cinq nouveaux produits ou services : la 4G qui permet de lire des vidéos dans de bonnes conditions sur un smartphone, les téléviseurs UHD, les agrégateurs OTT comme Molotov ou MyCanal, le passage de la TNT en Mpeg4 généralisant la télévision en HD et les lecteurs et disques Blu Ray 4K (ou UHD)). On pourrait ajouter la 5G bien que son adoption par le grand public soit encore infime en 2021. Mais aucune de ces techniques, malgré les discours habituellement tonitruants des vendeurs, ne sont autre chose que des aménagements.

  • La 4G est certes une technologie réussie, efficace et populaire, mais elle ne faisait que tenir enfin les promesses maintes fois rabâchées depuis 2000, à l’époque sous le terme d’UMTS. Elle avait été précédée par plusieurs améliorations de la norme 3G qui proposaient déjà vers 2010 des débits compatibles avec la réception de vidéos en mobilité. Et à domicile, la vidéo sur smartphone ou ordinateur était déjà possible avec le Wifi depuis environ 2004.
  • Les téléviseurs UHD ou dits parfois 4K proposent une résolution de 3840 par 2160 points, soit quatre fois plus que ceux de la norme précédente dite HD. Six ans après leur apparition ces téléviseurs deviennent la norme, mais plus en raison de la baisse continue de leurs prix que par un attrait particulier des consommateurs pour la résolution UHD. De toute façon, en 2021, les contenus proposés dans cette résolution restent relativement rares et aucune chaîne de télévision ne propose un signal en UHD. Or la télévision linéaire reste l’usage principal d’un téléviseur.
  • Molotov, lancé en 2016, propose une interface d’accès à la télévision par Internet dotée de fonctions supplémentaires comme l’enregistrement ou le retour au début (start over). Canal+ en a proposé par la suite une version réduite baptisée MyCanal. Ces interfaces sont de véritables distributeurs télévisuels, une version dématérialisée (et perfectionnée) des antiques cablo-distributeurs. Cependant, même réussies, ces interfaces ne font que prolonger, en les améliorant, celles déjà proposées par les box des opérateurs.
  • La TNT française est passée intégralement en 2014 à la norme de compression du signal Mpeg4, plus efficace que la précédente, ce qui a permis de diffuser la plupart des services en définition HD. C’est appréciable mais il faut tempérer l’importance de cette innovation en rappelant que toutes les grandes chaînes étaient déjà diffusées en HD avant cette date et que la réception de la télévision uniquement en TNT était déjà minoritaire en 2014 sur les téléviseurs HD.
  • Enfin la dernière innovation de la période, le Blu Ray 4K, est malheureusement un échec consommé qui rejoindra assez vite le D2Mac, la cassette Betamax ou les téléviseurs 3D à lunettes actives au cimetière des catastrophes industrielles. A peine lancés, ces lecteurs Blu Ray ont soufferts d’une offre de films rares, très coûteux, et de qualité technique décevante, dans un contexte où le Blu Ray tout court de 2006 était déjà en décroissance dans un marché vidéo en chute libre. La plupart des fabricants sauf Sony ont arrêté la production de lecteurs à partir de 2019.
  • C’est volontairement que cette liste oublie certaines « innovations » dont il a été beaucoup question depuis un an dans l’actualité. L’AVOD (Advertising-based Video on Demand) par exemple, c’est-à-dire en fait le plus ancien modèle économique de la télévision, le financement publicitaire, appliqué à des fichiers vidéo à la demande (voir notre article consacré au sujet). YouTube ou Dailymotion exploitent depuis longtemps le même modèle de recettes, tout comme les services de replay de TF1 ou de M6. On assiste également à une effervescence autour des podcasts, mais comme signalé au début de cet article, il s’agit d’une innovation qui date au moins de 2002 (Arte Radio). Twitch, le service de vidéos consacré au départ aux jeux vidéo a pris une ampleur spectaculaire au cours des dernières années, mais il a juste dix ans (lancé en juin 2011 et racheté par Amazon en 2014). On oubliera également la VR (Virtual Reality) et ses déclinaisons, qui n’ont toujours pas tenu leurs promesses et qui ne les tiendront jamais tant qu”un casque sera nécessaire. Sans oublier que cette technique, telle un zombie, fait périodiquement sa réapparition mais date de plus de trente ans. J’ai personnellement fait essayer un casque de réalité virtuelle à Jack Lang en 1990, année où était tourné “Jusqu’au bout du monde”, film de Wim Wenders mettant en scène des casques de réalité virtuelle. J’ajoute enfin que j’ai moi-même participé à ces innovations, que je les ai aimées sans regret. Il n’y a aucune schadenfreude dans le constat que,, cette fois-ci encore, ça n’a pas marché.

Au total donc non seulement le flux d’innovations de produits s’est tari, malgré la réelle innovation de Molotov, mais en outre certaines sont des échecs (Blu Ray) ou de faible portée (4K). Est-ce une simple pause dans la grande marche du Progrès ou la vraie fin d’une époque ? Pour les quelques années à venir, il faut dans un premier temps se souvenir que la prévision technologique est un vaste cimetière d’âneries et de prévisions erronées ; la prudence est donc de mise. Cependant il est possible de profiter du fait qu’un délai de plusieurs années sépare la présentation d’un nouveau produit ou service de son véritable démarrage commercial. Les produits de 2024-2025 ont donc probablement été présentés dans les grands salons spécialisés en 2020 ou, quand ils se sont tenus, de 2021. Or de ce point de vue, le bilan est maigre du côté du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas : « Ce CES 2020 fut riche en produits intéressants mais ne restera pas dans les annales de l’innovation. » (Les Numériques). Ou bien « CES 2021 : un bilan en demi-teinte »(Les Echos). Pour 2022, le silence fut encore plus gêné: on put retenir que BMW avait montré un prototype de voiture qui change de couleur…. Même chose pour l’IFA de Berlin, le pendant européen du CES : beaucoup d’écrans Oled/miniOled/Qoled pour téléviseurs, de casques audio sans fil, de smartphones à écran pliable, d’objets connectés de plus en plus ésotériques, mais rien de bien nouveau.

Les amateurs de nouvelles technologies ne discernent que trois pistes d’innovations de produits à venir dans le domaine : la 5G, la 8K et l’intelligence artificielle. Mais chacune d’entre elles semble d’une portée limitée ou problématique.

  • La 5G, lancée en 2019 et 2020 dans la plupart des pays ne semble pas connaître le même démarrage spectaculaire que la 4G. Coût et rareté des smartphones compatibles, lourdeur et lenteur des infrastructures à mettre en place, contre-publicités écologistes, il est sûrement trop tôt pour conclure et on peut parier qu’à mesure que les réseaux seront effectivement déployés la demande suivra. Mais pour notre propos le problème est ailleurs : malgré son meilleur débit et sa plus faible latence, la 5G semble ne pas pouvoir modifier significativement les usages audiovisuels, et ce n’est d’ailleurs pas son but.
  • Des téléviseurs 8K ont commencé à être installés dès 2016, année où les JO de Rio ont été partiellement montrés dans cette résolution au Japon. Des captations de spectacles ont été réalisées en Europe par Sony et la NHK dès 2017 et l’ensemble de la chaîne, transmission hertzienne comprise, aurait dû être exploitée pour les JO de Pékin en 2020. On commence à trouver des téléviseurs 8K autour de 2000 euros dans le commerce. En revanche il n’en va pas de même pour les programmes. En réalité aucun contenu 8K grand public n’est disponible. Le débit nécessaire pour recevoir des programmes 8K est d’au moins 50 Mégabits par seconde, ce qui n’est pas forcément un problème en réception pour un foyer équipé de la fibre mais qui le devient en émission pour les distributeurs. Vu la lenteur de la généralisation des programmes en 4K, six ans après le début du marché des téléviseurs compatibles, ont peut estimer que les programmes en 8K ne seront réellement disponibles qu’à partir de 2030. Enfin les études de marché ont montré avec la HD, puis l’UHD, que le public n’était pas sensible à l’augmentation de la résolution des écrans, sauf si c’était à prix décroissant.
  • L’Intelligence Artificielle, l’IA, le Deep Learning sont les étiquettes qui recouvrent le plus grand espoir de ceux qui attendent avec impatience l’apparition d’une technologie « disruptive » dans l’audiovisuel. Malheureusement le contenu de cet emballage est difficile à discerner. S’agit-il des algorithmes de recommandation destinés à gérer l’hyperchoix ? De systèmes audiovisuels domestiques semi-autonomes qui s’allument à certains horaires et proposent certains programmes en fonction de nos données personnelles ? Des téléviseurs équipés de micro et de caméras que l’on peut commander à la voix ou aux gestes sont disponibles depuis plus de cinq ans. Et les systèmes d’assistants personnalisés comme Siri (Apple), Alexa (Amazon) ou de Google ne sont pas non plus nouveaux. En France en tout cas une très grande majorité du public est sans doute à la fois effrayé et encombré par ces systèmes, mais surtout ne perçoit pas le service réel qu’ils rendent.

3 : En revanche une révolution lente et continue dans les procédés

Dans l’audiovisuel les innovations de procédés sont à la fois plus lentes, plus profondes et plus continues que celles qui touchent les produits. Elles sont évidemment moins visibles puisqu’elles concernent l’arrière-boutique, la façon dont on travaille dans les entreprises.

  • La post-production des images et leur montage ont été les premiers domaines à rencontrer le numérique. Dès les années 80, des ordinateurs sont utilisés pour réaliser une partie de certains films (Tron par exemple en 1982) et des effets vidéo pour la télévision. Le montage « virtuel » sur une station Avid devient standard au cours des années 90. Les cassettes Béta numériques se répandent dans les chaînes les plus modernes à la même période, supplantant les béta SP et les U-Matic. Progressivement toute la chaîne de production des images va être informatisée, jusqu’à devenir « virtualisée » les images sur lesquelles on travaille étant stockées désormais souvent sur le cloud, sur des serveurs distants parfois de milliers de kilomètres. Ce processus est pratiquement parvenu à son terme aujourd’hui, mais il a pris du temps en raison d’une part de la lourdeur des investissements nécessaires en matériels et logiciels, mais aussi en formation et en renouvellement des savoir-faire des personnels.
  • La prise de vue et la prise de son ont été plus récemment impactées par le numérique. Les matériels sont plus légers, plus polyvalents. Des cinéastes comme Ingmar Bergman ou Danny Boyle ont utilisé très tôt les petits camescopes DV. A partir des années 2000 des appareils photo numériques comme le Canon EOS 5D (2005) ont commencé à être utilisés en complément voire en remplacement de certaines caméras. Les magnétophones Nagra ont été remplacés par des enregistreurs MP3.  A partir de 2018 des smartphones ont été capables de filmer en 4K. L’utilisation d’images de logiciels de visio-conférence, ou de drones, change également la production des images d’actualités. Dans ce domaine aussi cependant, même si des utilisations précoces et spectaculaires sont souvent mises en avant, leur relative notoriété ne doit pas faire oublier que les évolutions réelles sont plus lentes, non seulement en raison de l’inertie du parc de matériels plus anciens, mais aussi parce que l’ensemble des cadreurs et des preneurs de son ne sont pas toujours des adeptes des nouveautés.
  • L’infrastructure technique des chaînes de télévision de l’ère analogique était à la fois lourde et très spécifique à la télévision. Les termes de « régie finale », de « bandothèque », de « grille » se sont progressivement eux aussi fondus dans une continuité numérique, avec des paliers : passage au numérique (fin des années 90), à la HD (début des années 2010), à présent au « tout IP ». Progressivement la diffusion du signal (play-out) migre également sur le cloud. D’autres domaines des tâches d’exploitation sont également en mutation constante dans la production des programmes, tels que l’éclairage avec la généralisation des batteries de Leds à la place des grilles de projecteurs classiques énergivores, les logiciels de pilotage du conducteur d’antenne ou de gestion de médias.
  • Les développements de la télévision numérique et surtout de la svod ont entrainé des progrès considérables en matière de compression du signal. Netflix recomprime l’ensemble de ses programmes deux fois par an et affirme gagner entre 5 et 10% par an pour la taille des fichiers à qualité constante.
  • Les régies publicitaires de 2020 n’ont plus grand-chose à voir avec celles de 2000. Une grande partie des espaces publicitaires se vend en « programmatique » avec un système d’enchères développé au départ par les sites web et notamment Google. Les algorithmes et les matheux ont supplanté les présentation Powerpoint et les commerciaux à l’ancienne.

Dans ses strates les plus profondes la télévision vient ainsi d’accomplir une mutation relativement silencieuse en trois décennies. Elle est passée d’une ère analogique dans laquelle des techniques de production originales lui étaient spécifiques, avec ce que cela implique de métiers et de formations propres, à une autre où elle n’est qu’une branche de l’informatique. Elle se dématérialise rapidement, et ses différentes briques logicielles, de la prise de vue jusqu’à la fourniture du signal, des taches les plus artistiques au plus commerciales sont en voie d’intégration. A l’exception, importante, des émissions en direct, il n’y a plus de différence significative entre l’arrière-boutique d’une télévision de taille moyenne et celle d’un service de svod.

En conclusion :

Les années 2020 seront celles de l’achèvement de la dissolution de l’audiovisuel dans un ensemble plus vaste qui n’a pas encore de nom. Dans un contexte de faible innovation de produits, la mutation silencieuse des entreprises vers l’informatique va s’achever. Seule la partie prestigieuse de l’amont de la filière, la réalisation de films de fiction, de documentaires, de grandes émissions de plateau, de journaux télévisés, la retransmission de grands événements en direct restera spécifique. Le reste des programmes émanera d’un continuum où on passera sans frontières du Youtubeur à la chaîne thématique, de Brut à Twitch. Toute la partie technique d’exploitation, l’administration, les services commerciaux des chaînes de télévision, des services de svod, des salles de cinéma non seulement se ressembleront mais ressembleront aux autres secteurs de l’économie. Cela paraît évident aujourd’hui, mais cela ne l’était pas il y a encore dix ans. L’existence de conventions collectives propres au secteur sera remise en question.

Cette évolution prend ses racines, en bas, dans les profondeurs de l’organisation du travail des entreprises mais se déploie aussi, au-dessus, dans les évolutions des structures financières du secteur. Quand Amazon rachète MGM, quand Netflix est devenu le premier producteur de films et de séries, quand Apple ou Spotify, deux entreprises de technologie, dominent le marché de la musique, un nouvel ordre se crée, mais aussi peut-être se verrouille.

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3 réflexions au sujet de “L’audiovisuel n’innove plus… avant la fusion”

  1. Bonjour,
    Article très intéressant montrant effectivement que l’innovation patine et semble se résumer aujourd’hui à la SVOD de plus en plus efficace, occupant de moins en moins de bande passante.
    Et que pensez-vous du HDR, technologie non citée dans le graphique, mais qui est pourtant mise en avant par Netflix et Amazon Prime Video ? Pour beaucoup de passionnés de home cinema, et même certains professionnels de l’image, le HDR semble être plus important que la résolution 4K.

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    • @ alban
      Bonjour,
      Merci de votre lecture attentive car c’est vrai que j’aurais pu citer le HDR, et vous avez raison: les tests réalisés auprès de consommateurs ont montré très tôt (2016) que le public était plus sensible à la gamme de couleur, au contraste, voire au taux de rafraichissement qu’à la résolution pour ressentir un progrès dans la qualité des images. Mais:
      1: En pratique le HDR n’est pas un produit ou une caractéristique séparée de la 4K, en tout cas pour les téléviseurs
      2: Par ailleurs, même si le public rationnel est plus sensible au HDR qu’à la 4K, il est surtout peu sensible à l’un comme à l’autre. Dans les magasins les clients sont sensibles à la taille de l’écran et au prix, très peu au reste.
      3: Vous évoquez les passionnés de home cinéma, et là effectivement la focale change: pour les passionnés il y a en effet un flux d’innovations significatives. Mais je me plaçais du point de vue du grand public.

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  2. Merci pour ces précisions. Même si les fabricants de téléviseurs, les studios et les plateformes de SVOD mettent le logo HDR en avant à tous les niveaux, d’un point de vue grand public, le HDR a effectivement peu, voire aucun intérêt. Ce n’est pas une rupture suffisamment grande ni un confort majeur au point de ne plus pouvoir s’en passer. Alors que les spécialistes citent le HDR comme un incontournable…
    PS: pouvez-vous s’il-vous-plaît supprimer mon adresse eMail inscrite en clair dans votre réponse ?

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